: Histoire : La Monastère CORBII DE PIATRA
Les commencements de la vie monacale chez Corbii de Piatra sont moins connus. Les plus nombreux établissements monacaux sont apparus à la place des autres, plus anciens, descendant sur le fil de l'histoire jusque dans des temps immémoriaux. En serait-il aussi du monastère de Corbi, situé au coeur d'un mystérieux et extrêmement ancien foyer ascétique roumain. Assurément, la première attestation documentaire, 23 juin 1512, n'est pas la date de fondation du monastère, existant des informations certes conformément auxquelles la sainte demeure aurait existé aussi avant cette date. L'église rupestre de Corbi dérive du type de l'église-salle, avec deux autels dédiés à deux patrons et caractéristiques au monde byzantin du Xe siècle. Elle s'apparente du point de vue typologique au groupe d'églises rupestres de Cappadoce, mais la particularité de l'autel double, raccordé à une seule nef est unique dans notre pays. Elle peut être retrouvée seulement en Bulgarie à Saborenata Tarcva et Tarcvata. Cette solution apparaît probablement dans le cas des petites communautés de moines qui peuvent se priver de diacre. Les caractéristiques stylistiques, la qualité de la peinture, accompagnées exclusivement d'inscriptions grecques, corroborées par les informations documentaires, permettent la datation certaine de l'ensemble au début du XIVe siècle. L'ensemble rupestre de Corbii de Piatra constitue la preuve concrète pour l'existence des noyaux monastiques de type anachorétique en Valachie, même avant l'organisation de l'église valaque du XIVe siècle.
Le 23 juin 1512, la religieuse Magdalina (nom laïc « Musa », fille et épouse de boyard, propriétaire héréditaire du domaine de Corbi) (re)fonde le monastère de Corbii de Piatra, avec la fête patronale de la Dormition, qu'elle consacre au prince régnant Neagoe Basarab, le monastère recevant ainsi dès sa (re)fondation, le statut de monastère princier. Il est aussi le premier monastère de religieuses qui a été attesté dans les documents de notre pays. Comment le monastère a été ouvert nous dit le diacre Paul d'Alep, qui en 1658, accompagnant le patriarche Macaire de l'Antioche en Valachie, visite aussi l'église en pierre de Corbi, dont il dit que « c'est une église petite, mais très belle, sur les murs de laquelle on peut toujours voir les traces de l'ancienne peinture et qui a été rouverte suite à la vison d'un saint ermite. » Seulement trois ans après, probablement à cause des conditions défavorables de vivre, à Corbi sont amenés des moines, les religieuses ayant déménagé au monastère Cornetu, où après la mort du prince régnant allait prendre la voile aussi la princesse Despina, sous le nom de Platonida, la religieuse.
Pendant la première moitié du XVIIIe siècle, le monastère devient église laïque, après l'établissement autour d'elle d'une colonie de Roumains arrivés à cause d'une oppression religieuse de Jina Sibiului, et en début du siècle suivant, l'église est modifiée, prenant l'aspect qu'elle a aujourd'hui. Alors, le prélat Iosif de Sevasta prend la décision d'agrandir la sainte demeure, ciselant en roc un pronaos de 5.5m/4.5m, avec entrée vers le nord dans le naos. A la même époque, on casse le mur de séparation entre les deux autels, d'où sera fondée la nouvelle sainte table, et on construit une nouvelle iconostase, qui sera peint par un certain Stefan Zugravul. En 1882, pendant la messe de la Résurrection, le mur de l'ouest du naos s'est écroulé, personne n'étant blessé, et les fidèles, à l'été de la même année ont fait venir des ouvriers qualifiés italiens, tailleurs de pierre de Albestii de Arges, qui ont taillé dans le roc écroulé des briques immenses, comme pour un château-fort, avec lesquelles ils ont reconstruit le mur écroulé. Tout près du pronaos, au côté sud, se trouve le réfectoire du monastère, cisaillé à son tour en pierre, et qui servait jadis aussi de salle de jugement (divan), lorsque le prince régnant du pays participait à la fête patronale du monastère, occasion à laquelle il jugeait les plus difficiles procès, et étendait certains différends. Au-dessus de l'église, encadrée dans le roc, se trouve la croix en pierre de 1700, et devant l'église il y a la chapelle en bois, avec le clocher construit en 1890.
Dernièrement, on officiait rarement le service divin dans l'église, une fois par an, à la fête des Saints Apôtres Pierre et Paul, fête qui a été reprise de manière erronée par la piété des indigènes comme fête patronale de l'église. La fête patronale du monastère depuis sa fondation a été la Dormition, comme il apparaît aussi dans tous les documents ultérieurs. Comment on explique sa mutation de 15 Août au 29 Juin ? Après le départ dans la vie éternelle du nouveau fondateur, le prince régnant Neagoe Basarab, a été reprise et perpétuée la tradition qu'au 29 Juin soit fait le requiem de son fondateur comme a été demandé par lui-même dans l'acte de 17 Juin 1517, qu'on fasse après sa mort le requiem une fois par an, dans n'importe quel jour. Et puisque le 29 Juin, les moines allaient pour prendre le don annuel du prince régnant, ce jour a été maintenu aussi pour sa commémoration, après la mort. Et, avec le temps, le service religieux étant officié seulement au 29 Juin, pour la tradition du requiem, a été adopté la fête de 29 Juin aussi comme fête patronale de l'église.
Aujourd'hui, à Corbii de Piatra, par la sollicitude de Sa Sainteté P.S Calinic Argeseanul, depuis le 23 mars 2003 a été renoué le fil de la vie monacale, interrompu il y a plus de 200 ans, le but de cette démarche étant celui de démarrer les travaux pour la construction d'un complexe monacal composé d'un corps de cellules, chapelle et des bâtiments annexes, aussi de commencer l'oeuvre de restauration de la peinture, des travaux par lesquels le célèbre monastère regagne, autant que possible, l'éclatement de jadis.